lundi 13 octobre 2008

Ouest, François Valéjo, Paris, le 13 octobre 2008

-
Pour une raison oubliée, j’attendais monts et merveille de ce livre qui se révèle anodin. Pas mauvais mais d’une molle fantaisie, étrange mais pas dérangé.

Un type ressort un cliché d’un aïeul garde-chasse avec son clebs qui ressemble étrangement à une photo d’Abou Graib. C’est pourquoi il entreprend d’en romancer l’histoire : un Lambert garde la chasse du Baron L’Aubépine au château des Perrières dans un Ouest tellement perdu qu’on en taira le nom. À la mort du baron père, son républicain et renégat de fils prend possession du château et des Lambert, seuls domestiques à n’avoir pas fui son arrivée. Fidèle à sa piètre réputation, le baron fils ne prête aucun intérêt au château, sauf comme chambre d’écorchage pour filles de mauvaise vie, et s’enfuit à Paris pour prendre part à la révolution de 1848. Il en revient après avoir échoué à y prendre une part active et s’installe pour de bon au château avec une parisienne, Berthe François, qui disparaîtra mystérieusement après une de ces nuits de course poursuite au rasoir dans les couloirs du château. Les Lambert croient savoir que la Berthe François moisit dans l’étang mais restent cois pour ne pas risquer leur place. Bizarrement c’est l’Eugénie qui a l’idée de séquestrer le baron lorsqu’il se met en tête de partir kidnapper Victor Hugo à Guernesey. Ce sera la fin de l’étrange amitié entre Lambert et le baron, fâché d’être lâché et séquestré, et qui finira par dire à Lambert qu’il a possédé sa fille Magdeleine à laquelle il n’a qu’arraché les vêtements. Pour finir à l’occasion d’une chute de cheval Lambert lâche ses chiens sur le baron. On fait assassiner la meute et Lambert devient fou, poursuivi par des chiens imaginaires. Fin de cette trépidante aventure à laquelle on ne s’est jamais vraiment intéressé.

L’effort stylistique pour rendre les raisonnements simples et la lâcheté toute populo du Lambert fait parfois mouche mais la narration se noie en décrochant vers l’intériorité d’autres personnages (le baron, Berthe François, Magdeleine, …) ou en repassant en mode extérieur. Et puis ils sont presque tous trop bêtes et désarticulés, c’est contrariant à la fin. Sans compter qu’on ne retrouve pas l’esprit de l’époque, le « juste milieu » stendhalien, mangé par l’anachronisme de ce baron fou au sadisme très actuel. Par quelle incompréhensible circonstance cette tentative boiteuse sans queue ni tête a t-elle trouvé son nombreux public lors de sa parution ?