samedi 4 septembre 2004

Poupées crevées, Martin Amis, Paris, 4 septembre 2004

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Les prémices du post punk littéraire, sorte d’équivalent livresque d’Orange mécanique, exploration du cul-de-sac de la libération hippie, sexuelle et droguée. C’est fort que le bouquin ait été écrit en 1975 parce que souvent on dirait un livre écrit cette année, un bilan avec le recul nécessaire de l’émancipation morale des années 60.

Le bouquin est la narration d’un week end chez Quentin Villiers au presbytère d’Appleseed, où il vit semble t-il depuis quelques mois avec Célia sa femme, son pote viril et violent Andy Adorno et sa copine Diana ; les autres invités permanents sont Giles, alcoolique et richissime, et Keith Whitehead, nabot ignoble, puant et malheureux. Pour le week end arrivent trois américains frappés, Maxwell, Roxeanne qui veut baiser tout ce qui bouge, et Skip, petit homme de main ramassé sur la route. Lucy, une pute, complète le tableau. Le personnage central, c’est Keith, qui a décidé de se suicider s’il ne parvient pas à baiser avant la fin du week end. Week end consacré à ingurgiter des quantités astronomiques d’alcool et de drogue, à parler quasi exclusivement de cul et, si ma mémoire est bonne, à ne pas baiser du tout en dépit de multiples tentatives.

En gros tout est mort, le cul est mort, tout ça c’est des poupées crevées. La plupart des personnages, flingués par leur enfance, pensent surtout à crever vite fait, et parfois se suicident. Il y a bien Quentin et Célia qui s’aiment pour de bon, et pour lesquels l’amour semble salvateur, mais Quentin trucide tout le monde à la fin en commençant par Célia, rattrapé par son double schizophrène Johnny pour avoir été trop aimable et délicieux sous le nom de Quentin.

Le style, tout en exagération et en outrance, est rigolo et les personnages sont caricaturaux mais attachants. Pour le reste, se reporter au dos de couverture qui offre un très bon résumé.

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