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Ce polar fait partie des livres offerts par mon père à Noël, et il l’avait lui-même reçu en cadeau de son libraire comme en témoigne la mention « offert par votre libraire. Ne peut être vendu » au dos du livre, qui semble indiquer que le livre est tellement bon qu’il est rentable d’offrir le premier tellement on en fourguera par la suite au lecteur esbaudi. C’est effectivement pas mal dans le genre polar mal écrit pas loin d’être complètement con…
On se laisse quand même prendre évidemment, parce qu’il y a une certaine virtuosité dans le n’importe quoi et des thématiques qui regorgent de fantasmes à grosses ficelles. En résumé Stefen Bellanger, criminologie québécois, obtient un poste de profiler dans l’agence lyonnaise d’Interpol, et se heurte bientôt au dossier Ann X, une jeune Allemande qui a buté ses parents à 12 ans et multiplie les meurtres depuis sans que les témoins de ces meurtres n’arrivent à se rappeler à quoi elle ressemble. En approfondissant leur enquête, Bellanger et son supérieur Decaze s’aperçoivent rapidement qu’ils sont au cœur de manipulations multiples de pleins de services secrets. Au fur et à mesure tout le monde joue triple ou quadruple jeu sauf Michel le SDF de service et seul et unique ami de Bellanger qui malgré sa finesse psychologique est un type totalement insensible et donc extrêmement seul bien qu’il ait le contact facile et un charme irrésistible avec toutes les femmes. D’ailleurs Naïs (le vrai nom d’Anne X) tombe amoureuse de lui, ce qui la décide à mettre un terme à sa carrière criminelle et à se rapprocher de Stefen, d’abord sous de fausses identités, puis en tant que Naïs. Plus que le don de transparence, Naïs a le don de se métamorphoser en des identités multiples et de brouiller l’image qu’elle imprime chez chacun, qui se raccroche à des catégories antérieures pour cataloguer la mémoire de Naïs… Ayerdahl raccroche ici le lecteur au fantasme de la femme multiple, insaisissable et pourtant toujours identique. Pour finir Naïs remonte au sommet du complot qui n’était ourdi par autre que son grand-père, échappe à toutes les polices du monde, repart à la lutte avec Stefen afin qu’il accepte enfin de tomber amoureux d’une tueuse en série et pour finir le convainc de repartir déjouer d’autres complots le jour du 11 septembre 2001, car « ils vont désigner des coupables ».
Le serpent se mord la queue dans cette fin grotesque, dans laquelle toute la philosophie manichéenne qui sous-tend ce genre littéraire se trouve résumée. On notera par ailleurs une véritable modestie de l’auteur qui n’hésite pas à multiplier les références extrêmement actuelles, démontrant ainsi qu’il ne prétend pas écrire pour les siècles futurs. Exemple de trivialité : Stefen commence à reconnaître Ann X dans ses différentes incarnations car à chaque fois la femme en question lui rappelle une certaine chanson de Jean-Jacques Goldman, oui Jean-Jacques Goldman !! On est au-delà de la faute de goût, carrément dans un projet conscient d’anti-littérature ! Reste que ces bavouilles au kilomètre sont plutôt divertissantes, en particulier les joutes psychologiques dont Stefen est supposé spécialiste. Du grand n’importe quoi virtuose et prolixe…
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