lundi 26 juillet 2004

Ça, c’est un baiser, Philippe Djian, Verbier, 26 juillet 2004

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Je me souviens que j’avais lu ici même à Verbier un premier roman de Philippe Djian, il y a 7 ans, peut-être 8, emprunté à la bibliothèque de l’école et que j’avais trouvé impressionnant et très bon : Sotos. Je m’étais promis d’en lire d’autres et puis bizarrement je ne l’ai jamais fait.

Ce roman-ci, paru en 2003, renforce l’idée que j’avais de Djian : un très bon écrivain plein de savoir-faire, d’humour et de tendresse, mais qui ne se départit pas de relents poussifs et laborieux.

C’est l’histoire de Nathan et Marie-Jo, tour à tour locuteur donnant leur point de vue sur l’histoire, qui forment une paire d’enquêteurs et s’enfilent sur les heures de boulot. Nathan est beau, alcoolique, désespéré par le départ de sa femme Chris parti se battre pour la cause anti-mondialiste dans les bras d’un tarzan teuton. Marie-Jo est obèse, complexée, dépressive depuis qu’elle a découvert que son universitaire de mari suce des queues. Ils enquêtent sur l’assassinat de Jennifer Brennen, espèce de cinglée nymphomane pute/bonne sœur et fille du multimilliardaire Paul Brennen qu’elle avait décidé de ridiculiser par tous les moyens.

Le personnage absent de Jennifer Brennen est une vraie réussite, touchante et excitante. Le criminel Ramos, bien qu’un sacré salopard, est pour sa part un peu rapidement survolé. Autre figure touchante, Paula squatte le lit de Nathan qui refuse de la baiser tant qu’il n’a pas tranché entre Chris, Marie-Jo, Paula et une éventuelle 4ème possibilité. Comme de bien entendu, tout finit très mal pour tout le monde, sans exception.

Alors c’est du bon roman, à la limite de l’excellent, mais qu’est-ce qui foire ? Sans doute une lourdeur morale un peu ado, les personnages ne cessant de psalmodier sur l’horreur du monde dans lequel on vit et le peu d’espoir qui nous reste. Le style est un peu dilettante, mais a largement son charme. On pourrait croire que c’est fait exprès pour prouver que l’auteur ne se prend pas trop au sérieux. L’empathie peut-être excessive de l’auteur pour ses personnages participe également aux relâchements ressentis par le lecteur : Djian est un papa gâteau.

Reste que Djian est rock‘n roll : il sait jongler avec les fantasmes, pas seulement sexuels, et fout la trique facilement, même avec une héroïne de 90 kgs. Autre point intéressant : Nathan est persuadé dès le départ que c’est Paul Brennen qui a fait buter sa fille et même si on découvre dans l’enquête que c’est une petite frappe qui a fait le coup, il finit quand même par buter Paul Brennen, victime expiatoire des malheurs du monde, responsable de la mondialisation et de la chute des anges.

Dernier truc foireux : les conseils de Frank à Nathan pour devenir écrivain. C’est lourd et ça n’a rien à faire là. Djian nous livre la suite de ses réflexions sur le boulot d’écrivain entamées avec Ardoise. Ça ne va pas très loin et ça n’ajoute aucune profondeur au roman.

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