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Nouvelle interruption de Clausewitz, qui freine décidément le rythme de lecture, pour un cas d’urgence : la parution d’un nouveau livre de Mc Liam Wilson, que je tiens pour un de mes héros contemporains (avec Betrand Cantat et Gabriel Heinze), sans être tout à fait sur qu’il y ait une raison à cela plus valable qu’une autre.
Il s’agit en fait d’un fond de tiroir, publié comme La douleur de Manfred en 1992 en Angleterre, quatre ans après Ripley Bogle et quatre ans avant Eurêka street, mais jamais traduit jusqu’ici. Et de fait l’auteur qualifie lui-même son livre d’échec, et au mieux de livre sur l’échec, et c’est effectivement un livre raté.
L’auteur et un jeune camarade photographe, Donovan Wylie, projettent une immersion dans la pauvreté à Londres, Glasgow et Belfast, afin de témoigner de ce qu’ils verront. Les photos de Donovan Wylie, certes mal rendues par le format et le grain de l’impression, me semblent à quelques exceptions prés d’une grande immaturité, marquée par une retenue exagérée qui étrangement ne masque pas un parti pris misérabiliste. On sent le jeune adulé un peu vite, qui s’est crû génial, et qui redescend dans la douleur avec ce projet. Mc Liam Wilson ne s’en tire pas beaucoup mieux. On sent qu’il a vécu des rencontres extraordinaires (tout comme Donovan Wylie), il en restitue avec brio certaines séquences, mais il s’empêtre aussi au passage dans des théories du complot, ou peu s’en faut, des incantations morales répétitives, des credo politiques des plus naïfs et en définitive un foutu bordel sans autre cohérence que le ressenti et le débordement de l’auteur tel qu’il a bien voulu se donner la peine de le gérer. Enfin, et peut-être surtout, l’échange entre les deux auteurs semble être tombé complètement à plat. Les photos ne collent pas au texte, ni inversement et, à mon avis, ni dans les sujets, ni dans la démarche. Wylie cherche un sujet difficile pour tester son talent, alors que Mc Liam Wilson semble essayer de se dégager de la culpabilité de sa réussite d’écrivain. Non que les deux ne soient pas sincères dans leur sentiment de révolte mais visiblement ils ne se sont pas mis d’accord sur la traduction artistique à lui donner et ne se sont sans doute pas suffisamment interrogé sur leur démarche.
Reste que la lecture de Mc Liam Wilson est toujours un grand plaisir. J’en aurais bien, malgré tous ces défauts, lu 200 pages de plus. Il y a ce goût particulier, une ironie omniprésente alliée au flegme britannique, souvent exprimée par des juxtapositions vocabulistiques incongrues et savoureuses.
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