dimanche 8 octobre 2006

Je suis noir et je n’aime pas le manioc, Gaston Kelman, Paris, 8 octobre 2006

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Au vu de la médiocrité de la forme, de la pauvreté et de la confusion du contenu, de la maladresse des raisonnements qui relèvent en outre régulièrement de la malhonnêteté intellectuelle (classiquement : la réfutation d’un exemple isolé tient lieu de démonstration inattaquable), au vu enfin de l’antipathie de l’auteur aigri et grandiloquent, le retentissement qu’a connu ce petit essai est révélateur de l’ampleur du problème noir en France et de la justesse du combat posé, dans ses grandes lignes du moins car on sent que Kelman n’a pas les moyens d’entrer dans les détails de façon cohérente.

Pour ce qui est des grandes lignes, il s’agit de reconnaître la discrimination dont sont victimes les noirs, d’affirmer que les émeutes urbaines ne sont pas un problème social mais le résultat de l’exclusion raciale, et enfin de plaider pour une intégration des immigrés, y compris les noirs, par une appropriation de la langue et des usages du pays d’accueil et par une lutte efficace contre la ghettoïsation, en particulier en termes de logement et d’école. C’est en quelques sorte et sans que ça soit dit explicitement un plaidoyer pour la discrimination positive. Il s’agit d’appeler un noir un noir mais sans le discriminer…

C’est de l’enfonçage de portes ouvertes soutenu par des illustrations triviales et répétitives, le tout agrémenté d’un arrière-fond psycho-socio typique de la Politique de la ville, avec un champ lexical de l’action qui veut faire croire que ressasser des principes abstraits et marteler le besoin d’un « véritable » changement c’est déjà agir. Même si le constat est juste, c’est terriblement lourdingue et prétentieux, et ce d’autant plus que l’auteur essaie de faire de l’esprit et d’être iconoclaste.

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