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Lu dans la pléiade de ma mère, achetée à La Celle Saint Cloud en 1968 et ouvert en y cherchant Le gagnant ne gagne rien, conseil de lecture introuvable de Philippe Djian, Paris est une fête (dont le titre original, a moveable feast, contredit étrangement la traduction française très marketing) est une œuvre tardive d’Hemingway sur ses jeunes années parisiennes (autour de 1925). En dépit d’un léger ridicule lié à l’insistance sur les difficultés financières (on entend les violons de la bohème d’Aznavour en fond sonore, dégoulinant, mais ça n’empêche pas l’auteur de se casser trois mois au ski dans la foulée), la lecture est amusante et instructive. Hemingway présente en quelques tableaux ses fréquentations (Gertrude Stein, Scott Fitzgerald, Ezra Pound), ses passe-temps (les courses, écrire à la Closerie des lilas, boire, faire l’amour avec sa femme) et sa recherche littéraire, avec au passage quelques conseils à lui-même et au lecteur : chercher l’ellipse, se fixer une discipline, s’arrêter le soir en laissant un fil à tirer sur la pelote pour faciliter le redémarrage le lendemain et s’interdire de penser à l’écriture dans l’intervalle.
L’auteur fait un peu son grand écrivain, se donne le beau rôle, à l’aise en toute société, âme pure, amoureux transi de sa femme (le livre finit sur sa première aventure extraconjugale qui sonne le glas de la période d’insouciance et de naïveté qui fait l’objet du livre), merveilleux ami jamais pris en défaut… La vie d’artiste qu’il mène dans ce Paris idéal est cependant bien alléchante : on craignait à l’époque de se faire traiter de miséreux lorsqu’on annonçait son adresse rue du Cardinal Lemoine , rue dans laquelle un type passait le matin avec ses chèvres et tirait le lait à ceux qui en voulaient ; il y avait des bibliothèques à l’Odéon et Paris n’était pas une espèce d’irréelle boutique géante de fringues de luxe. C’était d’après Hemingway l’endroit idéal pour écrire des livres.
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