mardi 4 septembre 2007

La route de Los Angeles, John Fante, Paris, 4 septembre 2007,

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Avec John Fante je n’ai fait que descendre. Ask the dust était époustouflant, Bandini était cool et Mon chien stupide bien léger. Là c’est tout simplement mauvais. Il s’agit d’ailleurs d’un manuscrit retrouvé après la mort de Fante sans avoir jamais été publié. L’éditeur américain qui signe une préface ridicule d’emphase prétend que c’est parce que le texte était trop provocant pour l’époque mais la vérité c’est que personne n’aurait jamais dû publier ce premier roman, même s’il est de John Fante dont soit dit en passant je commence à ne plus comprendre le culte que beaucoup lui vouent.

On retrouve Bandini à un âge intermédiaire, ou plutôt juste avant la période Ask the dust. Il a 18 ans, vit avec sa mère et sa sœur et végète à coup de petits boulots et de rêves de gloire. On comprend qu’il passe son temps à se branler sur des vignettes illustrées (« ses femmes ») et à ronger son frein, expulsant ses angoisse et sa culpabilité dans le sadisme envers les mouches et les crabes, l’agressivité envers sa sœur Mona (prénom décidément en vogue chez les écrivains américains rebelles de cette époque, cf. Miller) et une mythomanie désespérée qui s’exerce sur les rares oreilles disposées à la recevoir. Le caractère totalement abruti et incohérent de Bandini tout au long du livre est exaspérant : il suit une fille dans la rue pendant 10 pages en partant dans différents délires plus absurdes les uns que les autres pour ne finalement pas pouvoir réfréner une fuite en courant au moment où il va l’aborder ; il dépense une somme considérable pour un pistolet à plomb et des munitions et consacre un après-midi à massacrer des crabes en se racontant qu’il est général en chef, etc.. L’oscillation entre emballements mégalomaniaques et mépris dégoûté de soi-même est perpétuelle et rapidement lassante. On voit bien le projet de Fante de rendre la frustration sexuelle, sentimentale et professionnelle de l’adolescence, mais l’empathie pour Bandini est empêchée par son imbécillité, et sans empathie la fougue grandiloquente de Fante ne touche pas le lecteur. Il y a évidemment de bons passages mais c’est souvent ennuyeux et la construction manque de rigueur : tout n’est pas essentiel comme dans les deux autres aventures de Bandini, et le fil de l’intrigue n’est pas clair. S’il s’agit de la folie de Bandini soignée par la révélation de l’écriture, c’est un peu facile et pas très bien amené. Fante redescend de son piédestal.

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