mardi 3 juin 2008

Et bien dansez maintenant…, Marc Lambron, Paris, 3 juin 2008

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Acheté à cause de l’enthousiasme unanime des critiques du Masque et pour écluser un bon d’achat, ce bavardage léger et érudit sur le cas Sarko et sa première année de présidence laisse une impression mitigée ; c’est plaisant et brillant mais sans parti pris à moins que le message ne soit trop subtil.

Lambron alterne les récits de dîners ou de rencontres avec des gens connus ou anonymes, et des résumés de l’année écoulée. Sa grande spécialité consiste à affubler les personnes de sobriquets imagés : Villepin est un lama courroucé, Sarkozy le Don Corleone du 9.2., Bayrou un pyromane en pataugas… Lambron se targue de saisir une époque, une personnalité, un journal (les Inrocks sont le bulletin officiel des révoltes à prix vert) et lance des flèches caustiques et distinguées à chaque page, toutes les huit références érudites environ (le lecteur moyen en repère une ou deux ce qui flatte son orgueil mais lui met la puce à l’oreille sur toutes celles à côté desquelles il est passé sans les voir).

Il y a quelques images très réussies, par exemple BHL qui conseille successivement Sarko et Ségo non par traîtrise mais par ce qu’il jouit de faire la dame sur un jeu d’échec, et certaines constructions théoriques ne sont pas dénuées d’intérêt, notamment sur le silence mutique qu’ont en commun les stars de l’époque (Cécila Sarkozy, Kate Moss, Victoria Beckham), qui prennent le parti de se taire pour être mieux image. Donc c’est badin et plaisant, mais ça ne prend pas de direction définie. Par ailleurs s’agissant de l’année politique écoulée on n’apprend à peu près rien. On se demande pourtant si une telle chronique peut vieillir, ce serait son seul intérêt : rendre compte de l’air de temps de 2008 à des lecteurs de 2043. Enfin pour ce qui est de balancer sur les coulisses de la haute et les puissants de ce monde c’est un peu décevant de prime abord, mais finalement rendu dans le ton de persiflage cruel et permanent qu’on imagine être celui de la société de cour.

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