lundi 17 juillet 2006

Les ombres errantes, Pascal Quignard, Caromb, 17 juillet 2006

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J’ai mis un mois (de coupe du monde) à lire ce petit livre de 200 pages découpé en 55 chapitres et dont la 4ème de couverture fait deux lignes. Ce qui, de même que le prix Goncourt glané en 2002, n’était pas de bon augure. On baigne dans le vocabulaire sophistiqué, les tournures de phrase exigeantes, les citations latines superflues (surtout quand il s’agit de citer la bible dans le texte…) et les anecdotes historiques regardant des personnages de second rang, sans comprendre autre chose qu’un vague regret du temps d’avant où la télé n’avait pas encore provoqué le retour en grâce des images au détriment du langage écrit. Ce mouvement inverse selon Quignard la révolution intervenue lors de la conversion de Constantin, lorsqu’une voix lui intime de remplacer les images par des lettres sur les boucliers de ses guerriers.

Le Goncourt pour un livre pareil semble invraisemblable. C’est érudit, mais pour masquer le vide. Dès que le raisonnement devient intelligible il est grotesque et caricatural : anti-américanisme haineux, apologie de la solitude et détestation adolescente de la société qui interdit toute joie vraie, le seul bonheur véritable et autorisé ne pouvant se trouver que dans la lecture, dans la relation « seul à seul » que le livre permet. Reste un indéniable talent de conteur, poète et styliste, qui prend enfin le dessus dans certains récits simples et intransigeants (chapitres 8 et 53).

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