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Un petit polar, une fois n’est pas coutume, et au titre accrocheur, transcription des meilleurs conseils pour éviter la peste : « cito, fuegas et tarde redeas ». C’est pas de la littérature mais l’histoire est bonne et bien amenée, intéressante avec tout ce qu’on apprend sur la peste et le réflexe de peur qui nous en reste, et débordante d’excellents personnages : le flic Adamsberg à moitié amnésique mais à l’intuition hors du commun, doux, souple, beau et indifférent, fantasme féminin absolu ; le crieur Joss le Guern, qui lit trois fois par jour sur la place Edgar Quinet les annonces qu’on met dans sa boite avec une pièce de 5 francs ; le doux Damas, faux tueur qui sème la peste, ou croit la semer, pour se venger de ceux qui ont ruiné sa vie 8 ans plus tôt ; et toute une foule de personnages plus ou moins secondaires mais dont on sent que la plupart pourrait sans difficulté être davantage mis en avant. Ça ressemble finalement beaucoup à Pennac, avec le mythe de la vie de quartier, la galerie de personnages, la femme centrale mais lointaine ou absente (la mystérieuse Camille) et le vrai héros à côté du principal personnage (Danglard, un des seuls pas tout à fait convaincants par excès de talent, et en particulier ses discours excessivement érudits sur la peste).
Dommage que ce genre de livre soit toujours un petit peu bâclé dans les finitions. L’histoire de Decambrais m’a beaucoup gêné par exemple, l’ancien prof accusé à tort de tentative de viol sur une mineure alors qu’il était intervenu pour sauver une élève de trois collégiens violeurs. Parole des collégiens contre celle du prof… la parole de la victime est passée à la trappe, ce qui n’a aucun sens, alors qu’il aurait suffi à Fred Vargas de préciser que la victime avait préféré charger le prof plutôt que ses camarades. Ça n’a pas de conséquence directe sur l’histoire mais l’auteur ressort l’anecdote en guise de conclusion, soulignant involontairement, et avec une maladresse étonnante, ses insuffisances.
Pour ce qui est de l’intrigue, impossible de la résumer sans y passer trois plombes et même si elle est bien ficelée, elle n’a pas en soi un intérêt tel qu’il faille s’en souvenir, et il n’y a pas d’astuce incroyablement ingénieuse. Ce sont vraiment les personnages et quelques ingrédients (le métier de crieur, la peste, le commissaire dans sa bulle) qui donne une coloration au bouquin et font qu’il ne s’agit pas d’un bouquin vite lu et vite oublié, même s’il est vite lu…
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