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La saga familiale des Scorta sert un peu de prétexte à la déclaration d’amour enflammée de l’auteur pour les Pouilles, pour son soleil qui crame une terre qui ne donne rien, et pour ses habitants, taciturnes et durs au mal. L’histoire elle-même est inégale. Elle commence par une erreur sur la personne lors d’un viol-suicide avec préméditation de 15 ans, lorsque Luciano Mascalzone revient à Montepuccio à sa sortie de prison. De cette méprise naît Rocco, sauvé de l’élimination par Don Giorgio et qui se vengera des habitants de Montepuccio en les terrorisant avec son train de grand truand. Rocco lèguera toute sa fortune à l’église, renvoyant à la misère ses trois enfants Domenico, Giuseppe et Carmela, cette dernière étant le personnage central du roman, celle qui porte l’hérédité des Scorta et l’attachement viscéral, à la fois élection et malédiction, aux Pouilles et à Montepuccio. C’est par sa faute que la tentative d’exil aux Etats-Unis échoue, les deux frères décidant de rester avec leur sœur refoulée de Ellis Island. De retour à Montepuccio, ils adoptent un nouveau frère, Raffaele, qui accepte cet honneur alors qu’il est fou amoureux de Carmela. Le reste est moins palpitant et un peu bâclé, c’est le récit de la transmission de l’héritage de Carmela à sa petite-fille par l’intermédiaire de l’increvable curé, chargé de lui confesser le moment venu les secrets indicibles : l’amour de Raffaele et l’échec de l’expédition à New York. Carmela a ainsi honoré le pacte des Scorta : ne pas disparaître sans avoir transmis une chose que l’on a appris à la génération qui vient.
Après un début tonitruant, le récit s’essouffle et tombe parfois dans l’anecdotique, avec de très belles scènes (Elia qui met le feu à son bureau de tabac, Donato son frère qui fait traverser l’Adriatique à l’Albanaise aux yeux noirs) et aussi de bonnes lourdeurs (le déjeuner au Trabucco, les morales à la papa) dans une accélération du déroulement temporel qui sent un peu l’auteur en flemme. La grande réussite de ce livre, qui a tout de même reçu le prix Goncourt 2004, tient à l’évocation du va-et-vient éternel des générations, reliées si intimement entre elles qu’elles ne forment plus qu’une seule personne qui poursuit un dialogue passionnée et sans fin avec les Pouilles. Ca donne très envie d’aller y apporter sa petite contribution contemplative.
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2 commentaires:
je pense avoir lu la majeure partie des critiques du Soleil des Scorta sur le net, et celle-ci est de loin ma préférée !!!
je pense avoir lu la majeure partie des critiques du Soleil des Scorta sur le net, et celle-ci est de loin ma préférée !!!
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