jeudi 7 juillet 2005

Marie-Antoinette, Stefan Zweig, Sifnos, 7 juillet 2005

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Bouquin survolé mais instructif à plus d’un titre, d’abord parce que j’ignorais que Zweig avait multiplié les biographies, ensuite pour la démarche : il s’agit d’un manifeste. Zweig part du postulat que Marie-Antoinette est une personne normale, lambda, en dépit de son destin historique, et que ce sont seulement les récupérations politiques successives des républicains puis de la Restauration qui en ont fait à tort une manipulatrice démoniaque ou la victime pleine de bonté d’une affreuse injustice. Cette obsession de la normalité dans une biographie a quelque chose de contrariant : il n’y a plus de place pour le mystère, les révoltes, la complexité… sans parler du poids qu’on accorde aux épisodes rapportés par un type, aussi brillant soit-il, qui arrive 100 après et prétend utiliser l’histoire pour défendre l’importance de la psychologie. Ce n’est qu’une occasion de plus de constater les rapports ambigus que la psychologie entretient avec la normalité.

L’anecdote suivante est à la fois amusante et typique de la démarche normalisatrice de Zweig : quand Marie-Antoinette arrive en France, le mariage met 6 ans à être consommé. Toute la cour pense Louis XVI impuissant et se gausse. Finalement un médecin se rend compte que la difficulté vient, si j’ai bien compris, de ce que le frein royal est trop court, ne permettant pas à la bite de sa majesté de décalotter. Après une petite opération, les choses rentrent dans l’ordre, la Reine tombe enceinte mais le mal est fait, explique Zweig. On ne reste pas impunément six années sans honorer une femme, sans que cela n’ait de conséquences sur le couple. La Reine n’a plus de respect pour le Roi, et le Roi ne se permet plus d’asseoir son autorité, sur la Reine d’abord, puis par ricochet sur la cour.

Mais pourquoi l’histoire de la calotte royale et de ses conséquences ne figurent-elles pas dans les manuels scolaires ? C’est à mon avis parce qu’elle est secondaire : c’est le caractère propre à chaque impétrant, plus que des réactions psychologiquement normales à une malformation qui explique la relation de ce couple royal. Cela étant l’éclairage est intéressant mais il y a un je ne sais quoi qui m’irrite, le côté caricatural sans doute.

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