jeudi 22 décembre 2005

Rien de grave, Justine Lévy, Paris, 22 décembre 2005

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Lu avec beaucoup de plaisir mais avec aussi un peu de honte, presque dévoré, ce roman à clés transparentes est bien écrit, drôle, triste, très émouvant, banal, ou plus exactement actuel, digne et gênant à la fois. C’est le récit autobiographique d’un amour de jeunesse franchement puéril qui tourne au drame et d’une résurrection qui ne sera jamais complète.

Louise (Justine Lévy) est folle amoureuse d’Adrien (Raphaël Enthoven) qui le lui rend bien. Ils se marient mais Louise a l’impression de ne pas être à la hauteur du monstre d’ambition qu’est Adrien, écrasé par les figures paternels de son propre père (Jean-Paul Enthoven) et de celui de Louise (BHL). Elle se met au niveau grâce aux amphétamines (en balançant au passage que BHL en utilise de temps en temps) mais vire à la toxicomanie aggravée, sans qu’Adrien ne se rende compte de rien. Tout juste désintoxiquée, elle se fait plaquer pour Paula (Carla Bruni), la propre belle-mère d’Adrien (la compagne de Jean-Paul Enthoven), et Paula et Adrien font un enfant dans la foulée. Après un certain temps dans le brouillard, Louise cicatrise enfin avec Pablo et découvre la version adulte de l’amour, celui où chacun peut envisager la rupture et survivre.

L’histoire est tellement banale (sauf le coup de la belle-mère, fameux !) qu’on se demande à quel point le déballage people lui permet de tenir debout. Raphaël Enthoven, narcissique et vaniteux jusqu’au ridicule, se révèle en carton quand la situation se complique (quand Louise s’aperçoit de sa grossesse au bout de cinq mois alors qu’ils ont vingt ans, quand Louise marche aux amphètes,…). Quant à Carla Bruni, elle est carrément monstrueuse de chirurgie esthétique et de duplicité. Clairement cette cruauté de la description participe au plaisir de la lecture, de même que le côté « reportage sur les mœurs actuelles de 7ème arrondissement ». D’un autre côté, même si on se doute qu’elle n’est pas totalement objective, Justine Lévy reste digne. C’est d’abord sa douleur qui touche, et elle ne cherche pas de victime expiatoire. Mais quand même, quelle vengeance terrible que d’en avoir fait un livre !

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