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Dernier de la série des livres (qu’on puisse du moins qualifier comme tels) offert pour mes 30 ans (par M. et L. cette fois), Grand-père est le moins littéraire et le plus jouissif. Jean-Louis Costes est un activiste dégénéré et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’adoucit pas en s’essayant à la littérature.
Costes reconstitue l’histoire tragique de son grand-père Garnick Sarkissian, qu’il n’a connu qu’épave, immigré arménien poivrot clodo qui zonait dans le salon de son HLM avec la grand-mère sans un regard ou un borborygme pour quelqu’un d’autre que la télé. En se concentrant sur l’écho en lui de son grand-père et avec pour tout indice quelques divagations gâteuses de sa grand-mère, Costes retrace le parcours apocalyptique et chevaleresque du progromeur pogromé : né en 1900 en Arménie, Granick Sarkissian voit toute sa famille décimée en deux pogroms successifs (les turcs en 1915, les cosaques en 1918) avec pour finir sa sœur multiviolée embrochée au clocher de l’église du village. Il rejoint alors les cosaques pour piller violer pogromer deux ans durant dans la steppe dans une course poursuite avec l’armée rouge. Après la défaite des blancs et quelques milliers de massacres et de viols, Garnick et ses potes sont rapatriés par leurs alliés français vers Marseille. Là ne sachant que faire d’autre que tuer et violer, il s’engage dans la Légion étrangère pour 10 ans de guerre coloniale bien sanglante. Finalement blessé il croise la grand-mère dans le train qui le remonte sur Paris et la baise le soir même. Il boit, la bat et n’en fout pas une rame et trouve un soir en rentrant du bistrot l’ancien prétendant propret de la grand-mère dans la grand-mère. Il le bute illico en l’écrasant contre le mur et c’est parti pour le bagne à Cayenne dont il s’échappe pour s’installer au Brésil à chercher de l’or. Au bout de dix ans c’est la grand-mère qui revient le chercher et bizarrement il la suit ! Retour à Paris en 1940, où Sarkissian (juif arménien) mène grand train en revendant le contenu des appartements vidés de leurs occupants par des rafles. Après la guerre il devient simple clodo poivrot d’appartement pendant 20 ou 30 ans à recuire sa haine pour la France et la grand-mère.
Il y a de la chatte, de la merde et du cracra à toutes les pages et un certain nombre de vierges de 10 ans empalées sur des queues, des clochers, etc… La jubilation régressive de l’auteur, qui ne respecte rien et surtout pas sa famille, est plutôt à mon goût, de même que sa nostalgie d’une époque où l’on vivait, celle d’avant l’embourgeoisement généralisé. Jean-Louis Costes n’exclut pas la possibilité d’un gros mytho destiné à compenser la honte d’un grand-père clodo qui ramasse les mégots dans les bars devant son petit-fils avant de se faire virer à coups de pied dans le cul. Que l’épopée soit véridique ou non, est-ce important ? C’est à la fois fondamental pour Costes qui se cherche à travers son grand-père et accessoire puisque ce qui compte c’est qu’ont existé et qu’aient été transmises cette innocence complice (le pogrommeur pogrommé) et cette rage de vivre, pour preuve c’est à partir de ce legs que Costes reconstitue l’histoire. Ce n’est pas de la grande littérature mais c’est drôle, bien documenté, un brin répétitif et le chevalier Sarkissian, « bon-papa-qui-pique », avec ses manières ignobles et sa cruauté sans borne et sans états d’âme, est terriblement attachant.
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1 commentaire:
mets pas d's à Noirmoutier ou c'est une ejac' dans l"oeil !
JLC
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