samedi 15 novembre 2008

Hors de moi, Didier Van Cauwelaert, Paris, 15 novembre 2008

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Ecrit très gros et très court (une moyenne approximative de 10 mots par phrase) à la manière d’un synopsis pour téléfilm du lundi soir sur TF1, ce travail de tâcheron n’est finalement pas si antipathique parce que l’auteur n’a pas l’air de se considérer moins con que ses lecteurs. Il a retenu pleins de mots compliqués de ses investigations auprès de différents professeurs pour camper son personnage de botaniste se réveillant d’une semaine de coma avec un double dans les pattes qui lui a pris sa place, sa femme et tutti quanti. Il s’en remet à Muriel, la chauffeuse de taxi qui le conduisait lors de l’accident qui l’a plongé dans le coma (et dans la Seine, Véronique Genest serait parfaite pour le rôle du taxi) et après avoir bien élimé la corde de la mémoire démentie par la réalité et du « ah ben dis donc comment faire dans cette situation », Martin Harris retrouve subitement la mémoire au moment où les méchants remettent la main sur lui et l’emmène dans leur repaire : en fait c’était un tueur surentraîné chargé d’assassiner le président des Etats-Unis lors de sa visite à Paris (« ah ben dis donc ») et qui s’était malencontreusement blessé à la main quelques jours avant la date de l’assassinat. Il s’était enfui, craignant qu’on ne le supprime comme inutile et trop informé, avait été chargé par Muriel et poussé dans la Seine par ses poursuivants. Durant son coma, l’énorme quantité de Glutamate (whoa !) libérée par son cerveau asphyxié a permis au rôle de couverture qu’on lui avait inculqué par hypnose de concrétiser les souvenirs et de remplir les vides… Après avoir dénoncé le complot ourdi par la CIA en échange de sa liberté, il prend Muriel et ses deux enfants sous le bras, décidé à rester Martin Harris le botaniste, et va ouvrir une modeste pension dans les îles, sans doute au voisinage du bungalow où Van Cauwelaert nous pond sans stress les fruits gentillets de son imagination naïve en sirotant des margharitas…

C’est débile, grossier et sans doute rempli d’une montagne d’inepties scientifiques mais Van Cauwelaert démontre une certaine endurance de rythme et d’imagination. La plupart des rebondissements sont improbables mais si on le veut bien on peut se laisser porter. Les plantes reconnues comme témoins à un procès, les tomates qui remplacent l’eau par la musique, bon… Pourquoi pas après tout se complaire dans le n’importe quoi. Ce qui me fait un peu peur après ça c’est la confusion entre l’exact et le fantaisiste, un peu ce qui me retient (avec le snobisme) d’ouvrir le Da Vinci Code.

Un résumé du talent vulgaire de Van Cauwelaert me semble la scène où Martin se retrouve dans la salle de bain avec la fille de Muriel ; lui s’est renversé son verre à l’apéro et elle s’apprête pour sortir avec ses copines. Elle lui demande si sa mère lui plaît, puis se désape devant lui et enfile une robe. Touchante, dit DVC, cette façon de la fille de réveiller le désir pour sa mère en exposant son propre corps. Idée intéressante et racolage d’audimat dans le même mouvement, avec commentaire en sous-titre pour les malentendants.

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