jeudi 6 novembre 2008

L’espoir est une chose ridicule, Aleksander Hemon, Marakech, 6 novembre 2008

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Ce récit très confus auquel on ne s’intéresse que par bribe est composé de six ou sept points de vue différents donnant un aperçu fragmenté du parcours de Josef Pronek, bosniaque de Sarajevo émigré à Chicago en 1992.

On rencontre Josef Pronek par accident à la fin du premier récit, où l’on suit un autre émigré de Sarajevo dans son existence miséreuse et sa recherche désespérée d’un emploi. Le deuxième chapitre explore en narration extérieure la période sarajevienne de l’existence de Pronek dont l’occupation essentielle était de former d’éphémères groupes de blues rock. Le 3ème chapitre est consacré au récit par un étudiant américain d’un échange avec une université de Kiev au cours duquel il partage sa chambre avec Pronek dont il tombe amoureux sans tenter de le lui révéler. Pronek est alors décrit comme l’incarnation de l’insouciance juvénile et de la vigueur (hétéro)sexuelle. Le 4ème chapitre, très court et seul vraiment réussi, est une lettre de Mirza, resté à Sarajevo pendant le conflit, à son meilleur ami Pronek, dans laquelle il lui fait part des répercussions psychologiques qui lui restent de la guerre. On retrouve Chicago et une narration extérieure dans le chapitre suivant dans lequel l’existence de Pronek semble enfin prendre un tour favorable, ce qui se matérialise par l’emménagement avec Rachel, véhémente américaine idéaliste avec laquelle il vit une belle histoire d’amour. Mais finalement un soir après avoir raté l’assassinat d’une souris, il casse tout dans l’appartement, dit des choses horribles à Rachel et on ne donne pas cher de la suite des aventures de Josef Pronek. Le dernier chapitre est une divagation à clés à la première personne façon « Usual suspects » dans laquelle on retrouve tous les noms propres évoqués précédemment mais dans des emplois différents. Josef Pronek est alors un émigré ukrainien qui devient mafieux et agent triple à Shangaï entre les deux guerres mondiales.

De deux choses l’une : soit c’est un chef d’œuvre absolu (ce que tente de faire accroire la notice biographique présentant Hemon, 38 ans lors de la publication de ce qui est son deuxième livre) comme un prodige « sélectionné par The Observer comme l’un des vingt-et-un écrivain dont on parlera au 21ème siècle), soit c’est une merde prétentieuse. Je pencherai de façon assez nette pour la 2nde possibilité même si quelques subtilités m’ont sans doute échappé. Ça n’a ni queue ni tête, Josef Pronek est parfois sympathique et touchant mais l’unité du personnage d’un chapitre à l’autre est vraiment défaillante. Enfin ce titre est impardonnable (mais c’est Nowhere Man en anglais). Tout n’est pas à jeter cependant, les personnages de Rachel et Mirza notamment sont très bons mais la plupart du temps on s’ennuie ferme et la fin est ulcérante, parachevant la vanité de la démarche.

Finalement je peux me réjouir que la chaîne de livre par laquelle celui-ci est arrivé jusqu’à moi n’ait aucun succès. 2 livres sur les 36 promis (celui-là et un Van Cauwelaert prometteur dans le bassement populaire) sont arrivés en tout et pour tout et, sous réserve de vérification exhaustive, deux merdes. C’est très peu et c’est bien.

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