samedi 1 novembre 2008

Urgence, Planète Terre, Al Gore, Paris, le 1er novembre 2008

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Litanie d’injonctions moralisatrices entrecoupée d’arguties sans preuve, recourrant sans modération à la première personne du pluriel (« le monde court à sa perte et nous ne faisons rien », How can we sleep while our beds are burning disait Peter Garett), invitation finalement à aller détruire la planète ou ce qu’il en reste avec application, si l’on avait vraiment du moins le sentiment que ça chagrinerait l’auteur… Au-delà de l’imposture marketing, il s’agit d’un texte chiant à lire au-delà du tolérable, tant à cause du ton de culpabilisation permanente et des manipulations argumentatives de bas étage (l’analogie à l’incidence d’un grain de sable sur un tas de sable) que du fait de la lenteur de cheminement visant à pouvoir être compris du dernier mongolien. Pour une fois j’ai lu en diagonale assez espacée et ça m’a quand même pris un temps fou tellement j’étais contrarié à chaque page…

Je me sens assez proche de la suspicion de Claude Allègre face à l’unanimisme des chantres de l’alerte verte. D’abord j’ai le sentiment que l’on surestime par anthropocentrisme l’impact de l’homme, bon ou mauvais, sur son environnement : la calotte glaciaire n’a pas attendu l’automobile pour refluer depuis la bonne ville de Lyon qu’elle couvrait paraît-il voici 10.000 ans. Ensuite écologie me semble souvent rimer avec nostalgie, à déplorer le temps qui passe : ah si tout pouvait se figer, le temps s’arrêter, si nous pouvions ne pas disparaître… Enfin notre masochisme naturel (me voilà moi aussi à la première personne du pluriel) trouve à s’employer dans l’angoisse écolo, d’autant qu’une foule d’intérêts économiques, politiques ou médiatiques encouragent profitablement ce penchant. C’est clairement là qu’Al Gore se situe, dans la lamentation politiquement, médiatiquement et financièrement intéressée (mon père m’afflige, qui m’a offert le livre, de tomber dans ce genre de panneau).

Pour autant la position de Claude Allègre n’est-elle pas elle aussi dictée par une passion personnelle, celle du seul contre tous ? La méfiance envers l’injonction de la terreur environnementale ou les illusions collectives n’épuise pas la question de la gestion de la planète. Et même si le préchi précha d’Al Gore est repoussant, c’est quand même une occasion (bien trop longue et ennuyeuse) de se pencher sur le sujet. Ayant enfin refermé ce prospectus publicitaire, je me suis retrouvé, hésitant au supermarché entre ampoule à gaz et ampoule à filament, à faire pour une des premières fois de ma vie un choix de vertu écologique, clairement sous l’influence du passage du livre d’Al Gore sur le sujet… Il aura donc au moins servi à ça. Il y a comme ça à la fin du livre quelques pistes concrètes éparpillées parmi un flot de généralités sur la nécessaire prise de conscience mondiale préalable à une véritable révolution de nos comportements. Depuis 1991 qu’il écrit et réédite ce livre, Al a eu le temps de collecter quelques propositions, mais quand même quand on y songe quelle médiocrité ! Il était déjà à fond sur le créneau depuis au moins dix ans quand il est devenu vice-président des Etats-Unis et même avec cet épisode au milieu, il a réussi à passer 25 ans sans sortir, à ma connaissance, de l’incantatoire : disqualifié !

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