mardi 3 août 2004

La destruction d’un cœur, Stefan Zweig, Les Granges, 3 août 2004

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Première approche de Zweig : une lecture frappante. L’histoire d’un vieil homme, sans doute allemand, qui s’accorde quelques vacances en Italie avec sa femme et sa fille unique, après toute une vie de labeur. Le vieil homme s’aperçoit par hasard que l’un des autres habitants de l’hôtel où ils résident se tape sa fille la nuit, alors qu’ils sont arrivés l’avant-veille. Il en est complètement retourné mais ne sait pas quoi faire de sa rage ni comment empêcher sa fille de continuer ou de recommencer, et comment punir l’enfoiré. Finalement il se réfugie dans la solitude et l’émotion lui est tellement insupportable dans son emballement paranoïaque que son cœur explose : il devient absolument indifférent à tout (notamment à sa femme et à sa fille), et tout le monde le lui rend bien, puis finit par crever, bien seul.

Dans la rage du gars révolté par les frasques sexuelles auxquels il assiste impuissant : tout à fait moi ces derniers temps, d’une façon frappante. Mais c’est tout le paradoxe de la nouvelle, genre inventé ici on dirait, on est mis en appétit en s’identifiant immédiatement aux péripéties rencontrées par un personnage, puis immédiatement laissé sur sa faim et sans autre explication : plus la nouvelle est frustrante, plus elle est réussie (à l’image de Boule de Suif de Maupassant). Là c’est le cas parce que j’aurais aimé avoir des explications sur les réactions du vieil homme, si proche de mon incompréhensible énervement récent.

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